février 2020

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Il est aujourd’hui admis que la communication fait partie des compétences attendues du management. Le manager doit ainsi « savoir communiquer » avec l’ensemble de son environnement, ses collaborateurs, sa hiérarchie, ses pairs et plus généralement tous ses interlocuteurs. Il se retrouve même régulièrement à devoir prendre la parole en public. Exercice difficile pour beaucoup, générateur de stress et de culpabilité pour ceux, nombreux, qui estiment ne pas posséder de talent naturel en la matière. D’où une demande légitime de formation et une réponse plus complexe qu’il n’y parait.

Car de quoi parle-t ’on quand on évoque la communication ?

Spontanément, on pense bien sûr à ces personnes qui s’expriment aisément, qui parviennent sans difficulté à traduire leurs pensées en mots et en phrases, ces personnes que l’on qualifie habituellement de « brillantes ». Il s’agit d’ailleurs là, précisément, de la présentation du talent « communication », tel qu’il est défini par le test « strengthsfinder » de Gallup (www.strengthsfinder.com), ce test qui positionne chacun par rapport à un « inventaire » de 34 talents possibles. Ceux qui possèdent ce talent sont naturellement de bons communicants.  Pour les autres, la communication sera moins naturelle et leur demandera des efforts pour acquérir les compétences leur permettant de s’exprimer aussi efficacement.

Soit. La qualité de la communication se mesure-t‘ elle toujours pour autant à l’aune de son efficacité ? La célèbre émission de télévision « Apostrophes » animée il y a quelques années par Bernard Pivot était réputée pour sa capacité à accélérer les ventes des auteurs qui avaient « crevé l’écran ». Tous, sauf un. Cette émission a ainsi rendu célèbre auprès du grand public, Patrick Modiano, bien avant qu’il ne devienne, en 2010, Prix Nobel de littérature. Ces prestations télévisuelles constituaient pourtant le parfait contre-exemple d’une « bonne » communication. Qu’on en juge à sa réponse faite à Bernard Pivot, lequel lui demandait s’il était un lecteur de Romain Gary « Oui, bien sûr, quand on le lit on est un peu comme, on ne sait pas très bien, et puis après, disons que, surtout quand ça nous rappelle, non, parce que les livres, enfin, c’est une sorte de, et alors c’est un peu comme si, enfin, tout cela est, comment dire, bizarre ». Hésitant, bafouillant, de fait difficile à suivre, Patrick Modiano a pourtant ému lors de ces passages télévisuels des milliers de téléspectateurs qui se sont précipités le lendemain pour acheter ses livres.

La communication ne se limite pas à la transmission d’une information ; on transmet tout aussi bien, et parfois sans le vouloir, une émotion, un enthousiasme, des idées, …

Si l’on reprend le langage des talents, tel qu’il est proposé par le strengthsfinder de Gallup déjà évoqué, on imagine aisément que certains talents facilitent ainsi des situations particulières de communication, qui dépassent la classique prise de parole en public et qui n’en sont pas moins des situations de « communication ». Par exemple, les personnes ayant le talent « empathie » savent se mettre dans la peau des autres pour comprendre ce qu’ils ressentent. Cette capacité d’écoute est de fait un atout pour communiquer avec eux. Ceux qui ont le talent « charisme » préfèrent par-dessus tout rencontrer de nouvelles personnes, créer des liens avec elles. N’est-ce pas un avantage considérable pour entrer en communication avec d’autres ? Quant aux personnes à dominante « positivité », elles sont douées d’un enthousiasme contagieux. Optimistes, elles savent le communiquer aux autres et les intéresser à ce qu’elles font. Enfin, les personnes possédant le talent « idéation » sont fascinées par les idées et parviennent à trouver des liens entre des phénomènes qui à priori n’en ont pas. Ce faisant, elles peuvent intéresser les autres à ce qu’elles pensent, non par la fluidité de leur langue, la logique de leur démonstration, mais par l’originalité de leur pensée.

La communication n’est pas une. Il est légitime de vouloir progresser en la matière et il est possible de le faire ; en apprenant à maîtriser les différentes situations de communication par l’acquisition des techniques de la prise de parole en public, ou bien encore de l’attitude d’écoute, …, mais il est naïf de penser pouvoir maîtriser tous les aspects de la communication. On peut toujours se lamenter sur ce que l’on ne sait pas bien faire. L’expérience prouve qu’il est beaucoup plus efficace, et plaisant, de cultiver les talents que l’on a en la matière et d’en faire de véritables points forts.

En y réfléchissant autrement, comment pouvez-vous mettre vos talents au service d’une meilleure communication ? Car, si tout peut s’apprendre, seul ce qui s’appuie sur nos talents peut nous permettre d’exceller.

Jacques Bourdonnais, Gérant ACCOMPLIR, février 2020.