avril 2020

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8% de nos peurs sont réelles.

Mais de 100% de nos peurs découlent nos comportements.

En état de stress, ce n’est plus la raison qui est capitaine à bord ! Difficile de mobiliser ses capacités de réflexion, nous réagissons de manière incontrôlable.  Nous avons assisté à des scènes de panique dans les supermarchés, des réactions de déni, des critiques acerbes et emplies de colère, …

Dans la crise sanitaire et épidémique que nous traversons avec le Covid-19, qui n’a pas été confronté à ce type de réactions ?

Emmanuel MACRON a parlé de « guerre » contre le virus. Des mots forts qui ont généré un déferlement d’émotions.

Si dans un 1er temps, c’est le stress qui prend le dessus, dans un second temps, une prise de recul est nécessaire pour agir et dépasser toute crise qu’elle soit sanitaire ou organisationnelle.

Et si la clef, avant d’être collective, était au cœur de chacun d’entre nous ?

D. Goleman et avant lui J. Meyer & P. Salovey, ont souligné l’importance de l’intelligence émotionnelle : identifier ses émotions, les repérer chez soi et chez l’autre afin d’en faire ses alliés pour se gérer et moduler ses comportements.

C’est l’indicateur le plus significatif en terme de réussite professionnelle aujourd’hui.

Dans une situation de crise où l’inconnu et l’inédit font surface à la place de toutes certitudes, être en capacité de prendre de la distance, de se reconnecter à soi, est essentiel.

Nos émotions sont nécessaires comme les voyants sur le tableau de bord d’une voiture. Elles nous donnent des indications précieuses :  La peur nous permet de nous préparer à l’action, la colère de nous préparer à défendre nos valeurs, notre territoire. Par contre, si elles prennent le dessus, nous ne sommes plus en capacité d’entendre leur message, et donc d’agir en connaissance de cause. Mieux accueillir ses émotions, les identifier, permet de pouvoir se connecter à soi, de les réguler et d’agir efficacement en fonction de la situation.

Face à la crise du coronavirus, les soignants ont besoin de faire de leurs émotions leurs alliées afin de rester vigilants sans paniquer, mais aussi pour apporter soutien & bien être aux personnes soignées.

Les personnes confinées ont besoin de rester vigilants et comprendre l’importance du respect des règles tout en ne cédant pas à la panique. Ils ont besoin de joie, émotion agréable qui permet de se connecter aux autres (par exemple, en Italie, les actions spontanées de musique au balcon),besoin de sérénité pour pouvoir établir des relations apaisées avec leurs proches dans un environnement restreint.

En situation de crise organisationnelle, l’intelligence émotionnelle permet à un chef d’entreprise, à un manager, de se gérer, d’agir et de pouvoir continuer à entretenir des relations constructives et efficaces avec ses collaborateurs. Quelle que soit la situation que traverse son entreprise, il est essentiel qu’il continue à communiquer auprès de chacun, à choisir les bons mots, à transmettre des directives claires, à donner un cap, à assumer son rôle de capitaine. Et cela ne peut se faire que si celui-ci s’appuie sur ses émotions sans en être le jouet.

Comment s’y prendre ? Notre 1er outil : l’introspection, observer et analyser ses émotions, leurs causes, identifier le besoin non satisfait. En nourrissant nos besoins, nous subirons moins nos émotions. D’autres outils sont à la portée de tous : la respiration, la pleine conscience, la méditation, …  On retrouve aujourd’hui de multiples applications, accessibles à tous.

En outre, dans toute crise, le manager, comme au quotidien, a un vrai potentiel de gestion de crise en s’appuyant sur la richesse des talents de ses collaborateurs, de son équipe. En adoptant le management par les talents, le manager aura construit une vraie relation de confiance avec ses collaborateurs. Ils pourront ainsi s’appuyer tous deux sur celle-ci en situation de crise. De plus, aborder la crise avec l’approche du management par les talents permet d’être créatif, d’être innovant dans la gestion de la crise, tout en impliquant chacun. Ainsi, chacun, acteur, en s’appuyant sur ces forces, sur ce qu’il fait bien, avec plaisir, va pouvoir apporter sa pierre à l’édifice pour trouver des solutions inédites.

Comme toute crise, nous pouvons espérer que la crise du Covid-19 nous permettra de nous réinventer, d’apporter du positif, d’ouvrir des opportunités … En attendant, se reconnecter à soi, à ses talents, aux autres, semble être la piste la plus adaptée pour avancer.

 

Gwénaëlle JONCOUR
Consultante RH, formatrice et psychologue du travail