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Dans le cadre de mes accompagnements, je suis toujours surprise par le décalage entre la vision de la réussite des personnes et leurs aspirations profondes. A la question, « c’est quoi la réussite pour vous ? », revient souvent une image véhiculée par notre société de Superman/Wonderwoman : un homme, une femme qui se donne à 200% dans son travail, très investi dans son entreprise, qui ne compte pas ses heures, qui laisse de côté ses émotions, … Et à la question, « vous vous voyez où dans 5 ans ? », ces mêmes personnes aspirent avant à tout à s’épanouir au travail, à concilier vie personnelle et professionnelle. D’un côté une caricature d’un sur-homme/d’une working girl & de l’autre une aspiration à être en phase avec soi, à s’épanouir.

Ce grand écart est révélateur. J’écoutais récemment une émission à la radio sur les nombreuses reconversions professionnelles liée à la Covid, pour une part attribuée aux secteurs d’activité en berne, mais pour une grande part liée à la quête de sens exprimée par des salariés à qui les confinements/ temps de chômage partiel avaient donné toute l’opportunité de prendre du recul et de se questionner sur leur activité professionnelle.

En 2021, n’est-ce pas dépassé d’opposer performance et épanouissement professionnel ? Est-ce vraiment nécessaire de se déguiser pour réussir en entreprise ?  Au regard des salariés en burn-out que génèrent en partie « nos organisations malades », ou à l’inverse des salariés en bore out, des bullshit job, il me semble urgent de requestionner notre rapport à la performance, et au travail.  Que vaut la performance si c’est pour produire quelque chose d’inutile ? Si c’est pour se rendre malade ?

Faisant écho à cette image de Superman, récemment un manager témoignait de son regret d’être perçu comme l’homme fort et sage, ce qui l’empêchait d’être en quelque sorte lui-même. Viser un idéal de type Wonderwoman/Superman dessert. Outre le fait que cela devient épuisant à la longue de se cacher, de jouer un rôle, on se coupe de ses émotions (soi-disant pour ne pas paraitre faible), mais en se faisant on se coupe aussi en partie de la relation à l’autre.

On entend encore communément que les émotions n’ont pas leur place pour être performant en entreprise. Quand on sait aujourd’hui que 90% de ceux qui ont un excellent rendement ont un quotient émotionnel élevé, et que certaines études pointent que l’intelligence émotionnelle est responsable de 58% de la réussite professionnelle quel que soit le type d’emploi exercé, quoi de plus contradictoire que de continuer à véhiculer cette croyance qu’il faut laisser les émotions à la porte  de l’entreprise ?! Déconstruisons cette vieille habitude, et accompagnons nos collaborateurs à accueillir leurs émotions et à en faire leurs alliées dans leur quotidien professionnel. Une personne performante accueille et vit avec ses émotions et celles de ceux qui l’entourent.

Comme le soulignait notre article sur les crises (« L’utilité des crises », Nathalie Sibre, juin 2020 ), toute crise engendre son lot d’opportunités. Celle que nous traversons met en lumière la nécessité de trouver du sens dans son travail. À Accomplir, nous sommes persuadés que c’est par ce biais que passera la reprise. Motivation des collaborateurs, innovation, performance, nécessitent une prise de conscience du besoin de sens de chacun et donc d’un management porteur de sens, valorisant les singularités, les talents de chacun.  Responsabilité bien sûr partagée par chaque collaborateur. Depuis plusieurs années, avec notamment la formation tout au long de la vie et l’entretien professionnel, on met la notion de parcours professionnel au cœur de la législation. Cela passe par la nécessaire reprise en main pour chacun de son propre parcours professionnel, par une introspection, par le fait d’être acteur et de se positionner professionnellement. On peut faire le choix de se laisser guider par l’entreprise ou bien on peut aller questionner ce que nous sommes : nos valeurs et les assumer, nos envies, et bien sûr nos talents.

De plus, si on s’attache aux success story, nombreux dirigeants expriment une synergie entre leurs valeurs, leurs aspirations et leur projet d’entreprise. Ils ont fait le choix de ne pas s’oublier, ils ont choisi de suivre leurs convictions profondes.

Donc, pour réussir en entreprise, ayons l’audace de laisser de côté les représentations de la réussite « has been » pour nous aligner sur ce que l’on est, sur nos talents. Rappelons-le, quand on exprime un talent, on fait mieux que les autres avec plus de plaisir et avec un haut niveau de réussite. La clef de l’épanouissement et de la performance en entreprise, à contrario de s’oublier au profit de son entreprise, est alors au contraire de s’aligner sur ses talents/son unicité au service de l’entreprise pour réussir ensemble tout en conciliant l’adéquation entre humain et performance. Fini l’impossible écartèlement entre un soi idéal d’entreprise et son vrai soi !

Mais ne sommes-nous pas en train de construire ici le nouveau mythe du 21ème siècle en véhiculant une nouvelle image non plus de Superman mais d’un idéal d’épanouissement professionnel ? Des articles fleurissent sur le bonheur au travail. A chaque époque ses injonctions et ses représentations ! Est-ce vraiment sincèrement ce que recherche chacun ou tout simplement ce qui est valorisé aujourd’hui ? Soyez heureux au travail ! Est-ce vraiment le moteur de chacun ?

Sacrée question ! Vous avez besoin de faire le point sur vos aspirations professionnelles, d’aller au-delà de ces idées toutes faites ? Entamez un bilan de compétences pour être accompagné dans votre réflexion.

Comme nous, vous êtes convaincus que l’épanouissement professionnel est essentiel et que le management a un rôle clef à jouer ? Vous aimeriez mettre en place un management par les talents ? Rejoignez notre prochaine École des talents le 26 mai 2021 !

En savoir plus, marie.lemasson@accomplir.fr ; 02 40 48 46 34

Gwenaëlle JONCOUR avril 2021,
Consultante RH et psychologue du travail, Accomplir